lundi 29 avril 2013

Le changement, c'est maintenant.

Il y a des moments comme ça où la vie / le destin vous envoie certains petits signaux qui semblent indiquer la voie à suivre.

Et puis il y a des fois où les petits signaux font presque l'effet d'une bonne gueulante au mégaphone, et où il faudrait vraiment vraiment être dure de la feuille pour pas piger qu'il y a des questions à se poser...

Donc, quelle probabilité y avait-il pour que Monsieur Dragon apprenne qu'il pouvait virtuellement continuer à bosser pour sa boîte de n'importe où (équipé néanmoins d'une bonne connexion adsl) juste quelques mois avant que ne se terminent mes 5 années d'engagement sur un poste à recrutement prioritaire ? Juste quand on commençait à se dire qu'il nous faudrait vraiment une chambre supplémentaire ? Que GrosProjet au boulot semble plus ou moins en stand by pour les 4 ou 5 années à venir ? Quelle probabilité pour qu'au même moment, le couple de SuperNounou parte en vrille et qu'elle nous annonce son prochain départ de la région ?

Quelle probabilité disais-je, pour que dans le même temps, l'hôpital situé chez les Parents Dragons, à 20 minutes des Parents Jaja, recherche activement un pédiatre ? Genre, justement quelqu'un avec un CV comme le mien ?

Quand toutes ces coïncidences se bousculent en l'espace de quelques semaines, ça donne un peu l'impression d'un gros panneau indicateur flashy qui pointe et clignotte : "Vas-y !"

Ni facile, ni difficile, comme décision. Juste... quelque part déjà prise.

Je suis super contente à l'idée de me rapprocher de ma famille (de nos familles, je m'entends bien avec mes beaux-parents :), de mes racines, du beau temps.
Heureuse rien que de penser que les dragonnets verront leurs grands-parents plus de trois fois par an, que Monsieur Dragon et moi on pourra aller au cinéma (yeah !), qu'il y aura quelqu'un pas loin en cas de pépin, que je pourrai chopper la grippe et couver mes 40°C tranquille au fond de mon lit ou bien accepter un resto sans qu'aussitôt surgisse la question de "qu'est-ce qu'on fait des enfants ?"

Naturellement, je flippe ma race j'appréhende légèrement l'arrivée dans une nouvelle équipe, le changement de pratique, l'augmentation du nombre de gardes, la traumato aux urgences. Je sais que mon CV dit que je suis vieille et expérimentée, mais moi je me sens pas si tant pleine de sagesse que ça, hein...

Et puis, et puis j'ai du mal à me dire qu'il va falloir lâcher tout ce qu'on a déjà construit ici. Les quelques amitiés précieuses, les bons collègues, les petits patients qu'on voudrait bien savoir ce qu'ils vont devenir. Quitter les équipes soignantes aussi, affronter leur déception (revers de la médaille de ne pas être une totale peau de vache, fallait y penser avant...)

Oui, ça ressemble à un slogan de campagne, mais le changement, c'est maintenant.
Voilà qui promet en tous cas plein de sujets de billets pour les mois à venir...

samedi 6 avril 2013

Le casse-tête...

Travailler en pédiatrie, c'est aussi parfois voir au bout du couloir des urgences arriver deux policiers poussant une chaise roulante avec un ado dedans, et se dire "Génial, une réquis'..." *
Constater que le dit ado est agité et penser "... et en plus il est bourré..." et puis de plus près réaliser qu'on a tout faux.

Travailler aux urgences pédiatriques, c'est parfois recevoir deux policiers perplexes qui accompagnent un jeune adulte fortement autiste qu'on a retrouvé dans un bus sans papiers sur lui et dont personne ne semble avoir signalé la disparition.

C'est passer de multiples coups de fils, ne voir aucun autre patient pendant une heure pour tenter de trouver une réponse à l'épineuse question "Que fait-on de lui ?"
C'est malgré tout s'assurer qu'à 21h on donne à boire et à manger à ce jeune homme qui déambule dans le couloir, ouvre les portes, déchiquète les magazines et refuse obstinément de se départir de la doudoune dont l'étiquette a pu fournir un semblant d'identité.
C'est finalement retenir la moins mauvaise solution, en restant insatisfait d'une prise en charge globalement pas top.

C'est réaliser qu'au final pas moins de six personnes se sont penchées sur le casse-tête de cette patate chaude qui d'habitude brûle tranquillement les doigts de sa famille...

*réquis' = réquisition. Lorsque les forcent de l'ordre envisagent une garde à vue, ils doivent obtenir d'un médecin un certificat de non contre-indication. Si l'individu concerné est mineur, chez nous en tous cas, ils réquisitionnent le pédiatre des urgences pour ce faire.