Petit aperçu d'une après-midi de consultation...
Patient n°1 : ancien grand préma de 6 mois, qui déménage sur la région. Nécessite des injections de Synagis (un genre de vaccin contre la bronchiolite réservé aux enfants fragiles et exclusivement fait à l'hôpital) et quelqu'un pour reprendre le suivi. Consultation conjointe avec la psychomotricienne programmée depuis 1 mois, plage de 1h réservée.
15 min après l'heure du rendrez-vous, toujours personne. Pensant que la maman est perdue dans les méandres des étiquettes et de la pharmacie hospitalière, j'appelle sur son portable. "Qui ça ? Ah oui ! Ah zut j'ai oublié de vous prévenir, on n'a pas déménagé finalement..." Poin, poin, poin, poiiiinnn...
Qu'à cela ne tienne, ça me laisse du temps pour remplir le PAI (Projet d'Accueil Individualisé) d'une autre patiente. De la paperasse et des certificats pour expliquer à une directrice d'école que c'est pas la peine de forcer une fillette de 3 ans, allergique aux protéines du lait de vache, à finir tous ses yaourts à la cantine, surtout si ça la fait vomir... (Chez certaines personnes obtuses, la paperasse doit remplacer le bon sens manquant...)
Ah tiens, patient n°2 n'est pas là...
Patiente n°3 : 3 mois, cardiopathie et retard de croissance. Injection de Synagis aussi. L'écho coeur est mieux, elle grossit doucement. En revanche, pas beaucoup d'évolution dans son éveil depuis le mois dernier... A revoir le mois prochain en espérant ne pas lui trouver un syndrome à la con...
Ah tiens, patient n°2, 4 mois, est arrivé avec 45 min de retard ! La secrétaire me demande si je le vois quand même. Vu que c'est un ancien préma qui nécessite lui aussi une injection de Synagis, je lui dis que oui, mais j'explique au père que je ne vais faire que la piqûre, et qu'on verra plus tard pour la consultation parce que là il a beaucoup de retard et que j'ai d'autres patients qui attendent...
"Ah, parce qu'il a la fièvre et il tousse, quand même"... En déshabillant l'enfant pour le peser, effectivement, il respire comme une savate et n'a pas un super teint. Injection, appel des urgences pour lui organiser prise de sang et radio, négociation avec le collègue pour qu'il gère la suite des opérations. Voilà pour la petite piqûre vite fait entre deux... (Au final, radio pourrie, enfant hospitalisé)
Patient n°4 : 3 ans, vu aux urgences le mois dernier pour une bête angine avec une constipation importante. Angine traitée, rendez-vous pris pour parler de la constipation plus tranquillement qu'un samedi soir 20h au milieu du bazar. En prenant le temps, je découvre que c'est un jumeau, ancien préma, constipé depuis la naissance, avec des fécalomes importants. Il a aussi un probable retard de langage. Traitement mis en place, à revoir dans 3 mois pour suivre l'évolution...
Patiente n°5 : 15 mois, ancienne préma. Marche depuis le mois dernier. Se dandine partout et met le bazar dans mon cabinet avec ses petites lunettes roses sur le bout du nez, en me racontant des tas de trucs auxquels on ne comprend rien... :) Disparition complète de son hypertonie, on échange avec les parents sur leurs souvenirs de néonat. Heureusement quand même qu'elle était là, ça a un peu sauvé mon après-midi !
mercredi 4 mars 2015
mercredi 4 février 2015
CREF
CREF... ou Contrat de Retour à l'Equilibre Financier. Mais CREF c'est son petit nom. C'est devenu la marotte des administratifs, leur bonne raison à opposer à toutes les demandes en agitant l'index d'un air faussement peiné "Tutututtt... Peut pas. CREF."
Le CREF permet de refuser des postes supplémentaires, de geler les investissements, de mettre les mamans de la maternité dehors un peu plus vite, c'est bien le CREF. Plus récemment, le CREF (c'est toujours lui, hein, jamais un(e) personne de la haute administration ne prend la responsabilité, c'est le CREF) a décidé qu'il fallait aussi réduire les dépenses de bouche. Ainsi donc, voici quelques exemples des nouvelles dotations pour le service de pédiatrie en ce qui concerne les repas autres que ceux fournis par la cuisine centrale :
Pour 13 lits (voire 14 ou 15 mais on le dit pas parce que c'est pas légal même si ça fait de l'activité en plus...) /mois
- 34 litres de lait 1/2 écrémé
- 79 biscuits (même pas top, les biscuits, des galettes St Michel quoi...)
- 150 boites de céréales individuelles
Récapitulons : par jour, pour 13 à 15 enfants
- 1,13 litre de lait 1/2 écrémé soit moins de 100 ml / enfant (un petit verre quoi...)
- 2,6 biscuits par jour (z'avez intérêt à être sages les mioches, les deux meilleurs auront un goûter)
- 5 boites de céréales (non Kévin, toi c'est le mercredi et le samedi que t'as droit aux corn flakes)
Jusqu'à présent le service offrait le matin aux parents qui avaient passé une nuit (souvent chaotique) auprès de leur enfant un petit café avec des tartines et un sourire. Sauf que le pain est rationné, qu'il faut choisir entre le bol de chocolat ou le café pour verser le demi-verre de lait aloué, et que le sourire a tendance à se faire de plus en plus rare dans ces conditions...
Ne pas gaspiller, je veux bien. Essayer de raisonner les dépenses de santé, je suis pas contre. Mais pousser la mesquinerie à ce point... J'ose même pas imaginer ce que ça donne dans les services de personnes agées.
Sachant que par ailleurs des sommes folles se dépensent en logiciels pas-pratiquo-mal-ficelés pour l'Informatisation Du Circuit Médicament (les prescriptions électroniques, ça veut dire), ça me met en boule ! (Mais ceci est une autre histoire, qui peut-être sera contée une autre fois...)
Le CREF permet de refuser des postes supplémentaires, de geler les investissements, de mettre les mamans de la maternité dehors un peu plus vite, c'est bien le CREF. Plus récemment, le CREF (c'est toujours lui, hein, jamais un(e) personne de la haute administration ne prend la responsabilité, c'est le CREF) a décidé qu'il fallait aussi réduire les dépenses de bouche. Ainsi donc, voici quelques exemples des nouvelles dotations pour le service de pédiatrie en ce qui concerne les repas autres que ceux fournis par la cuisine centrale :
Pour 13 lits (voire 14 ou 15 mais on le dit pas parce que c'est pas légal même si ça fait de l'activité en plus...) /mois
- 34 litres de lait 1/2 écrémé
- 79 biscuits (même pas top, les biscuits, des galettes St Michel quoi...)
- 150 boites de céréales individuelles
Récapitulons : par jour, pour 13 à 15 enfants
- 1,13 litre de lait 1/2 écrémé soit moins de 100 ml / enfant (un petit verre quoi...)
- 2,6 biscuits par jour (z'avez intérêt à être sages les mioches, les deux meilleurs auront un goûter)
- 5 boites de céréales (non Kévin, toi c'est le mercredi et le samedi que t'as droit aux corn flakes)
Jusqu'à présent le service offrait le matin aux parents qui avaient passé une nuit (souvent chaotique) auprès de leur enfant un petit café avec des tartines et un sourire. Sauf que le pain est rationné, qu'il faut choisir entre le bol de chocolat ou le café pour verser le demi-verre de lait aloué, et que le sourire a tendance à se faire de plus en plus rare dans ces conditions...
Ne pas gaspiller, je veux bien. Essayer de raisonner les dépenses de santé, je suis pas contre. Mais pousser la mesquinerie à ce point... J'ose même pas imaginer ce que ça donne dans les services de personnes agées.
Sachant que par ailleurs des sommes folles se dépensent en logiciels pas-pratiquo-mal-ficelés pour l'Informatisation Du Circuit Médicament (les prescriptions électroniques, ça veut dire), ça me met en boule ! (Mais ceci est une autre histoire, qui peut-être sera contée une autre fois...)
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